Serge Grandvaux vous présente son petit fils Lucien.

 

petit lulu

 

Lettre à un ami motard. 

Mon cher Tonio, 

Tu as remarqué comme j’étais heureux quand je t’ai annoncé la naissance de mon petit-fils Lucien. C’était un bonheur sans nuage mais qui, hélas, n’a pas duré très longtemps. En effet je t’ai caché certains détails de l’accouchement, car c’est très tendance de ne pas dévoiler au grand public ce qu’il convient d’appeler les joies familiales.

Mais puisque, malgré toutes nos précautions, la presse s’est emparée de l’affaire

, je préfère que tu apprennes de moi-même la réalité.

Tu sais que les enfants à la naissance poussent un cri. Les spécialistes appellent cela le cri des poumons. Ce sont les poumons qui en se déployant à l’air libre provoquent une douleur si vive que le nouveau-né crie.

Eh bien, figure-toi, que pour Lucien, ça s’est passé un peu différemment ; il n’a pas poussé le cri des poumons mais le cri du cœur. Tu imagines facilement la tête du gynécologue quand à peine sorti de son milieu aquatique ce petit terrien de dix secondes à peine s’est écrié à pleins poumons : « Les seules vraies motos, ce sont les BM ».

Le gyné, la sage-femme, les infirmières le ban et l’arrière ban de la salle de travail en sont restés bouche bée. Bien évidemment c’était la première fois qu’un tel évènement presque surnaturel se produisait dans leur maternité. Ce qui les a le plus impressionnés, ce n’est pas tant la précocité de ce petit bout de choux que sa grande maturité, sa perspicacité, son parfait discernement. Ils ont fait toute une batterie de tests, tous étaient normaux. Rien de particulier à signaler à la lecture de toute leur électronique. Non, rien que des choses très normales, très courantes. Comment expliquer cela ?

Le gyné s’en est entretenu avec ses confrères qui, d’un commun accord, lui ont conseillé de faire un rapport à l’Académie de médecine. Ce qu’a fait ce médecin consciencieux, mais un peu dépassé par ce qu’il venait de vivre. S’il est courant de dire que la vérité sort de la bouche des enfants, jamais on n’entend dire qu’elle sort de la bouche d’un nouveau-né.

Et c’est là que les ennuis commencent. Il y a eu des fuites et ce rapport dûment circonstancié est tombé dans les mains des journalistes qui se sont précipités à la maternité. Finie la tranquillité. J’ai dû les contenir pour qu’ils n’envahissent pas la chambre où dormait le petit après sa déclaration. J’ai dû tenir une conférence de presse pour qu’ils aient un peu de matière à mettre en page. Mais que leur dire ? Je n’avais pas assisté à l’évènement, moi ! Je me suis borné à bafouiller quelques phares assez banales du genre « Ça vous étonne ce qu’il a dit ?», « Vous pensez qu’il a menti ? », « Vous croyez qu’il aurait été soudoyé ?» devant ma bonne foi, et l’évidence de ses propos, ils ont acquiescé. Par mesure de précaution et pour pas que ses paroles soient déformées, je me suis efforcé de rédiger un communiqué de presse où je reprends mot pour mot ce qui a été transcrit dans le rapport à l’Académie de médecine.

Je croyais le problème réglé, c’était sans compter avec la hargne et la mauvaise foi de la concurrence. Une grande marque japonaise, dont je tairai le nom, mais qui commence par «H » porte plainte pour publicité mensongère, une autre, nord-américaine celle-là, assigne ce petit devant les tribunaux pour dénigrement de marque, enfin le syndicat patronal italien des constructeurs de motocyclettes saisit les tribunaux pour se plaindre d’une concurrence déloyale.

Je serais prêt à oublier tout cela et même à en rire, si ce n’était les conséquences sur la vie du petit Lucien lui-même qui, vexé qu’on mette en doute ses propos, s’est depuis enfermé dans un mutisme absolu. Non seulement, il ne dit plus un mot mais de plus il sombre dans un sommeil profond , ne le quittant que pour boire. Tu imagines le tableau ! Enfin c’est la vie comme l’on dit.

Tu m’excuseras de t’avoir entretenu de ces choses, mais il fallait bien défendre la vérité avec un grand V. Sacré nom d’un petit bonhomme !

Je t’assure de toute mon amitié

Ton pote

Serge

 

 

Votre Avis

Limiter la vitesse maxi de nos motos à 180 km/h?
  • Votes: (0%)
  • Votes: (0%)
  • Votes: (0%)
  • Votes: (0%)
  • Votes: (0%)
Total des votes:
Premier vote:
Dernier vote: