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On a tous des idées reçues, des stéréotypes et autres préjugés qui nous calcifient un peu le cerveau. Alors un petit couverture-road-angels1coup d'acide pour dissoudre tout cela ne fait pas de mal.
Jugez vous-même. La première de couverture de ce livre de quelques 184 pages, s'illustre par un biker « en danseuse » sur une Harley sans casque mais avec casquette à la visière sur la nuque. Le titre lui aussi en remet une couche avec ce mot à pousser toutes les bonnes mères de famille à cacher leurs filles au fin fond de leur grenier : « Angels ». Ce mot diabolique associé à une Harley... le début d'un cauchemar !!!
Je vous entends déjà bien calés dans vos certitudes « Laisse béton papy c'n'est pas pour toi »
Et puis la curiosité me pousse à lire la quatrième de couverture. Tiens, tiens, l'auteur ne serait pas un loubard échappé de je ne sais quelle banlieue mal famée d'une mégalopole américaine. Il n'aurait pas toujours trempé ses mains dans le cambouis, elles auraient même, ses mains blanches, plus souvent serré un stylo plume type Mont Blanc qu'une chaine de moto. Je continue la lecture de cette quatrième et ..... J'achète le livre et je le dévore avec l'avidité d'un musulman le jour de l'Aïd-al-Fitr.
L'histoire est simple. La crise de l'immobilier brise l'ascension sociale et engloutit les économies d'un gold boys de l'immobilier qui avait cru que la vraie vie se mesure au nombre de billets entassés sur un compte bancaire.
La chute est d'autant plus brutale qu'elle est soudaine. Mais le bougre a d'autres ressources, des vraies celles-là. Il largue les amarres et décide d'un tour du monde à moto en « allant toujours à l'Est » sans carte ni boussole ni GPS. Un de plus me direz-vous, certes mais quelle littérature, quelle humanité.
Tout ce que vit Éric Lobo est décrit avec un cœur qui bat à cent à l'heure, avec une plume qui cisèle les êtres, qui lie les amitiés. Il faut lire (et relire) les passages où il raconte ses rencontres avec les bikers russes. Des gros durs au cœur tendre. L'amitié est en embuscade au coin de la route et en permanence. Des étapes qui se déroulent, s'enchaînent comme un long ruban d'amitiés. Tout ce qu'il voit, il l'emmagasine, l'engloutit. Jamais, il ne juge, il apprend à connaître, à comprendre. Pas de morale à deux balles dans toutes ses pages mais une leçon sur les choses de la vie. Jamais de réflexion philosophique de bar du commerce. Non rien de tout cela. Alors oui, on aime, on adore, on envie, on en redemande.
Ceux qui n'ont jamais posé leur fessier sur une moto ne comprendront peut-être pas dès les premières pages ce que signifie « La moto c'est la liberté, l'amitié, la solidarité » ; mais au fil de la lecture, ils ressentiront petit à petit le mal du sédentaire, l'amertume du casanier. Ils auront eux aussi cette envie irrésistible : partir, partir « toujours à l'Est » et revenir métamorphosés.
Alors à lire et à faire lire.
Comment j'ai oublié quelque chose ? Ah, le titre ? Oui bien sûr le titre :
« Road Angels »
Eric Lobo Editions Transboréal – 2013
20,90 €
Soit un peu moins de 0.00058056 €/ km
Entretien, hébergement, nourriture et boisson compris.

Serge Grandvaux.