Epopée Royal EnfieldInde-1
                    Par Karine MALGRAND

  Soyons francs ! La Karine elle m'énerve, elle m'agace, pour tout dire elle m'insupporte passablement. Encore une de ces petites étudiantes, genre sciences Po ou langues O, qui, à 23 ans, ont tout vu, tout su parce qu'elles ont bien réussi leurs études supérieures et qui trouvent tout de suite du boulot auprès des grands de ce monde. « Sans coucher » pense-t-elle utile de préciser. Dès fois qu'on ait de mauvaises pensées nous, pauvres petits humains normaux. Non, mais pour qui elle se prend cette Karine !!!
  J'ai promis à Christian de lire ce livre qu'il vient de me prêter et de lui en faire un résumé critique pour le site VROAM. Alors je ferai l'effort mais c'est bien parce que c'est lui.
  Donc, consciencieusement, je me lance.
INde-2  Tiens, tiens ce n'est pas si mal que cela ce qu'elle raconte la Petite. Si elle continue sur sa lancée ça risque de ne pas être mauvais du tout son petit « récit photos ». Il faut la voir se débrouiller pour acquérir sa Royal Enfield, première condition pour réussir son pari fou de revenir de New Delhi à Paris sur cette monture dont nous connaissons tous la fiabilité légendaire. Elle ne se laisse pas marcher sur les pieds, elle sait ce qu'elle veut. Et puis elle a un petit côté attachant qui commence à beaucoup me plaire. Elle semble d'une très grande humanité. Elle décrit avec chaleur mais sans condescendance ses rencontres avec Nanna, l'homme aux mains d'or qui lui préparera « Miss Enfield » pour qu'elles puissent affronter toutes les épreuves d'un si long périple. Nous découvrons le mode de vie des « ex pats* » lorsqu'ils se retrouvent entre français hors de leur travail quotidien. Elle nous rappelle que pour un habitant de Delhi, en 1997, l'achat d'une Enfield est presque inenvisageable.Inde-3 Elle nous décrit la vie dans la capitale indienne avec une passion juvénile qui déciderait les plus blasés à la suivre. Vraiment bien cette petite Karine.
  Je n'ai pas la patience à remettre à plus tard ma lecture. Je dévore les pages, je me régale des photos. Son aventure se déroule sous mes yeux. J'ai l'impression d'être sur le strapontin. Je vis ses galères au jour le jour. Je partage ses rencontres. Ne va-t-elle pas se faire égorger ? Non, elle avance avec l'insouciance de ses 23 ans. Un soir elle nous dit qu'elle est morte de peur, qu'elle a envie de chialer, qu'elle n'en peut plus. Elle est humaine, simplement humaine comme on dit. Maintenant c'est la panne sèche, bien sûr pas une goutte d'essence et surtout pas une goutte d'eau alors qu'il fait 40°. Le miracle se produit, le dieu hospitalité vole à son secours.
Inde-4Il faut continuer à lire tout et tout de suite. C'est passionnant et assorti de réflexions sur les différences, sur l'acceptation de ces différences. Reconnaissons que cela tombe bien en ce moment. C'est l'éthique et la politesse des grandes et des grands baroudeurs. Jamais de morale, jamais de comparaison pour dire ce qu'il y a de mieux ici plus qu'ailleurs. Non rien de tout cela. Elle voit, elle vit, elle comprend, elle raconte. Je repense au livre Road Angels. C'est du même tonneau. De la grande épopée qui réchauffe le cœur. On est pris par le récit. On veut savoir ce qui lui arrivera demain. Comment, une fois encore, elle s'en sortira, comment une fois encore, elle se relèvera après une nouvelle chute. Oui, c'est vrai, on a peur pour elle. On est comme toutes ses personnes qui l'ont admirée pendant son périple qui l'ont prise pour leur fille. Alors, imaginez votre fille, votre propre fille à vous, lancée dans pareille aventure !   Inde-5  N'auriez-vous pas quelques petites angoisses ?
  Au fil des lignes, au fil de la route son enthousiasme est contagieux et on se dit que tout ira bien. Elle ajoute à tout cela la naïveté de celle qui découvre les B-A BA de la mécanique. Elles sont toutes belles, et toutes sympathiques ses remarques sur un joint spi, sur des vis platinées pleines d'huile, sur un filtre encrassé.
  Elle n'oublie pas de mentionner les injustices qui la révoltent ; comme par exemple en Iran, pays du pétrole, où il faut importer de l'essence faute de raffineries sur le territoire. Ainsi l'a voulu l'ordre économique mondial au service des grandes puissances.
 J'avais pris des notes en lisant pour vous en faire part. Mais il y en aurait trop. N'est-ce pas la preuve que tout doit être lu, que tout se tient et qu'on ne peut rien extraire de ce récit sous peine de briser les ailes de sa grande envolée.
Inde-6 Puisque vous êtes, vous aussi devenus « accros », pour vous mettre l'eau à la bouche et vous donner l'envie de dévorer ce livre palpitant, je vous offre cette toute petite citation. Elle explique certainement pourquoi j'ai tellement aimé ce bouquin. Lorsqu'elle arrive à Venise, après mille galères et autant de rencontres passionnantes, elle lâche ces mots «D'un côté l'aventure, de l'autre l'agence de voyage » (P. 91) On ne saurait mieux dire, on ne saurait mieux écrire. Sacrée Karine, super Karine. Bravo et merci !!!
* Ex pats = expatriés
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Epopée Royal Enfield
delhi paris tenu
Par Karine MALGRAND
Les Sens de l'Aventure
Janvier 2012 - 106 pages - 19 € + frais de port

Pour commander ce livre il faut aller sur son site internet. Il ne coûte que 19 € ; beaucoup moins cher qu'un tout petit billet d'avion et même qu'un simple plein d'essence au tarif de notre enfance !!!